Je suis encore sonné par
le protocole.
Je mets un temps à réaliser.
Je suis donc l’agent sacrifié, dis-je en regardant le capitaine.
Ils m’ont retrouvé ici. Donnal et une kill team (je lui décrit).
Il y en a aussi un autre. Gros bras du cabinet summers.
Les souvenirs m’assaillent en désordre.
A la fin de l’entretien avec Doug j’ai dû seulement hocher la tête. Déterminé.
Mon regard comme seule parole.
Le rubicon est franchi, plus de point de retour.
Les raisons de mon engagement volontaire pour cette mission.
Souvenirs…
Les souvenirs me reviennent à présent. Plus cLairs
Lybie…
Après
Benghazzi et les émeutes anti-américaines qui ont coûtés la vie à l’ambassadeur, nous sommes descendus vers le sud-ouest dans les environs de Sabha.
Ce pays est plongé dans le chaos le plus total, depuis 2011.
Des bandes armées, factions, milices se livrent une bataille acharnée pour le contrôle des réseaux de passeurs, de trafic d’esclaves et d’approvisionnement en tout genre. Il y a de toutes les allégeances : islamistes, islamistes non jihadistes, loyalistes, ex-armée, révolutionnaires, milices locales, tribus….
L’ANL, ex-loyalistes, occupe le croissant pétrolier à l’ouest, le GNA ( groupe d’union national) son opposant est à l’Est et contrôle une partie de TRIPOLI.
FEZZAN au centre et au Sud est la partie la plus chaotique et le passage de tous les trafics. C’est là que nous sommes allés
Les malheureux migrants, qui arrivent du sud, sont fait prisonniers, torturés, violés et livrés aux
vendeurs d’esclaves dont Sabha et sarbhata sont devenus les plaques tournantes.
Les plus chanceux sont maintenus en vie pour des rançons.
L’Europe a financé des groupes armés « officiels » pour empêcher l’afflux de migrants mais ces groupes sont de véritables bouchers…Les camps de « rétentions » de migrants sont de véritables enfers…Mais L’occident regarde ailleurs, content de limiter le nombre de réfugiés.
Les BM sont engagés dans ce conflit pour tenter de stopper l’avancée de L’EI dans cette région, mais nous savons que c’est également pour amoindrir l’influence européenne et notamment française dans ce pays
riche en pétrole….
Je suis particulièrement demandé pour cette mission, en tant qu’ancien légionnaire, je connais le Tchad et j’ai collaboré, en secret, sur le terrain avec l’armée algérienne, pays limitrophes.
En tant que Béret Vert ma mission est d’estimer l’efficacité des BM et leur mode de fonctionnement.
Les US veulent éviter de nouveaux « catanguais ». Mais ce que je vois ne me rassure guère…
La plupart des BM sont des ex-Marines et forces spéciales, mais pour beaucoup leur stabilité mentale est discutable…J’ai déjà entendu des faits d’exactions, mais sans pouvoir les prouver…
Mais moi-même je suis en proie à des addictions…Je me demande même si mon affection voulue par les BM n’est pas aussi pour cette raison…
Un moyen de pression sur moi…
Quoi qu’il en soit pour le gouvernement US, « nous n’existons pas »….
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Sud de Sabhah, 11.00
Notre équipe de reconnaissance a été prise à partie par des miliciens. Un piège.
Le bilan est lourd. Deux BM à terre. Je suis le seul survivant.
Il me faut presque une demi-heure pour venir à bout de la demi-douzaine d’hommes qui nous ont embusqués.
Des gamins, il y avait trois enfants-soldats parmi eux et leur chef ne devait pas avoir 30 ans…
Les BM ne sont pas l’armée US, il n’y aura pas de soutien aérien ni d’evacs…
Système D.
Je prends une kalash et plusieurs chargeurs. Le HK416 émet un son trop « occidental » pour les opés d’infiltration.
Notre 4X4 est mort, mon seul recours est un pick-up toyota blanc. Il faudra que je sois vigilant à ne pas être pris pour cible par les nôtres.
Ma seule option est de rejoindre un point de rendez-vous d’une autre équipe BM, menée par Wilkins, un pote de Donal. D’après l’un des BM qui était avec moi, ils doivent récupérez une cargaison de RPG destinée initialement à un groupe de l’EI.
Je prends les coordonnées et je m’y rends.
Lorsque j’arrive, deux 4X4 BM sont garés à côté de deux camions. Nos « forces » sont en discussion avec des groupes locaux : amazigh, toubous, touareg ? De là où je suis impossible à dire…
J’observe de la tension à mon arrivée. Mais pas entre les deux groupes, contre moi.
Je m’identifie. Mais je peux deviner que je ne suis pas vraiment le bienvenu.
Quelque chose cloche…
Les locaux sont en fait des gros bras du
GNA, et ils ont tous des têtes de tueurs.
Les BM sont tendus, mains sur les armes.
Wilkins vient à moi.
Wilkins :
Major… Qu’est-ce que vous faites là ? Où sont les autres ?
Je lui explique la situation, il fait la moue.
Mais ce n’est pas la mort de « ses collègues » qui semblent le gêner, mais ma présence (empathie)
Alors ces RPG ? lui dis-je pour le détendre un peu.
Ah…oui OK… belle prise, major. On va les convoyer d’ici.
Il ment (empathie).
Je peux les voir ?
Heu…non, enfin pas vraiment. Les types sont nerveux. Donc si j’étais vous, je ne m’approcherais pas du camion.
Au vu des deux sacs noirs pleins de frics à leurs pieds, j’imagine que ces camions sont « à nous » maintenant, non ?
Il me regarde ne sachant que faire.
Restez là, Major…
Pardon ?
Oui Restez ici, Boyd va venir avec vous. Il vous ramènera à la base.
Je le regarde, fixement.
Ces RPG sont propriétés BM, Major. Dit-il nerveux.
Je vois, BM, se fait du blé sur la trafic d’armes. Du coup on risque de revoir ces RPG exactement ici dans deux semaines…
Si vous voulez Major. On a tous nos petits défauts. N’est-ce pas, major ?
Nous y voilà. On me sort le dossier narcotique.
Je vais pour répondre.
Mais un bruit dans le camion nous interrompt.
J’aperçois une silhouette, petite, sorti du camion. Courir tout droit dans le désert.
UN GOSSE !!? je reste un moment interloqué.
Les GNA vont pour tirer mais les BM gueulent !
C’est une marchandise et ça vaut cher !
Je suis en train d’halluciné !
Un BM en montant examiner la came -maintenant j’imagines que ce fut Blake, le medic de la bande- n’a pas du bien refermer la porte.
Le gosse est rattrapé assez vite.
Les mecs se retournent vers moi.
J’arme mon HK, pointé sur Wilkins… mais à 12 contre un…Je n’ai aucune chance.
Pourquoi s’embarrasser d’un témoin, d’expliquer… Je n’ai qu’à être mort avec mes collègues sur le lieu de mon embuscade. Pas de témoins, dans le désert personne ne vous entend crier !
Penser, vite ! Survivre !
Du calme les mecs. On peut en discuter OK ?
Silence en face.
Contre 10 plaques, je ferme les yeux et je vous fais un rapport du tonnerre une fois rentré !
Maintenir le doute, ouvrir les options.
Wilkins :
10 plaques ? Vous rêvez Major !
Il négocie. Tuer n’est plus la seule option.
Survivre.
Allez les gars avec deux camions remplis de gosses vous allez vous faire un demi-million facile, 100 K c’est rien !
Ils se regardent.
Je renchéris pour ne pas laisser de temps morts.
OK. 4 plaques et un accès à votre réseau pour ma conso.
Montrer mes défauts, me « rapprocher d’eux », créer un lien.
Survivre à tout prix.
OK…Voilà qui est raisonnable.
Wilkins me montre
Boyd et Farlay.
Mes gars vont vous raccompagner dans votre pick-up. On continue sans vous à partir d’ici. Vous aurez votre cash une fois au camp.
Les BM ne vont pas se créer des problèmes. Je suis un témoin gênant. Peut-être pas maintenant, mais demain. Ils voulaient un levier sur moi, mais pas l’inverse.
Mon petit stratagème m’a fait gagner du temps, rien de plus. Ils ne sont pas dupes, je ne sais pas baratiner…
De surcroît les BM ne vont pas flinguer un BV devant des miliciens. Les lions ne s’entretuent pas devant les hyènes. C’est montrer de la faiblesse.
Ils vont me tuer sur la route. Sans témoin.
Ok. Wilkins. Ça marche.
Nous allons dans mon pick-up. Je propose de conduire, je leur tends mon HK, je montre que j’ai confiance. Je tente d’endormir leur vigilance, tandis que discrètement
je desserre la gaine de mon socom et l’arme
Boyd s’assoit derrière moi, Farlay sur le côté.
J’ai beau chercher je ne me souviens d’aucun visage précisément…
Boyd.
Farlay.
Nous passons les dunes et sommes maintenant hors de vue des camions.
Ils sont tendus. Je n’ai plus beaucoup de temps.
Je freine violement. La voiture pile et les deux BM sont projetés et distraits quelques secondes.
Quelques secondes.
Tire réflexe au jugé derrière moi, second tir sur Farlay. Cette fois j’ajuste sur Boyd et l’achève d’une balle dans la tête. Je fini Farlay. Le sang est projeté sur les vitres.
Silence de mort dans la voiture.
Je reprends ma respiration.
Je sors une carte, pas de temps à perdre.
Les camions ne peuvent pas faire de la conduite sur dune, ils doivent donc emprunter la seule piste viable vers Sabrahta.
Je sais conduire sur le sable, j’ai reçu des entrainements pour ça. (Maintenant j’ai oublié, mais je le savais à l’époque).
Je peux longer la piste derrière es dunes et mettre mon véhicule hors de vue du convoi. En coupant je peux les intercepter dans une dizaine de kms.
Les enfants, je ne peux pas les abandonner. Je sais ce qu’ils vont devenir :
prostitution, esclavage, trafic d’organe.
De plus je ne peux pas laisser de témoin.
Nos intérêts aux enfants et moi convergent…
Je repars, slalomant et glissant sur les dunes.
Me voilà maintenant au point d’interception.
La poussière du convoi est visible de loin.
Je me mets en embuscade. Mon véhicule est plus loin, caché.
J’utilise la AK pour tromper d’éventuelles investigations.
Le bruit et la poussière vont couvrir mes premiers tirs et retarder les réactions des BM.
Ils étaient huit. Ils sont maintenant Deux par véhicules. Un 4X4 ouvre la voie aux deux camions, le deuxième 4X4 ferme le convoi.
Premiers tirs en rafale de trois.
Cartons pleins ! les deux premier BM sont tués sur le coup. Le 4X4 ne s’arrête pas de suite. Le convoi. Roule devant moi. .
Seconde salve sur le 4X4 arrière. Un sur deux. Le chauffeur glisse vers le côté.
Le premier camion doit faire une embardée pour éviter le premier 4X4.
Le convoi s’arrête dans la confusion.
Ma position est compromise je fonce. Ces gars sont formés. Ils vont bientôt réagir.
Bruit de mes pas et de ma respiration dans le silence du désert.
J’achève le chauffeur du 4X4.
Je tire sur un BM sortant du côté passager du second camion. Il s’effondre. Je vise les retros.
BM inconnu…
Encore trois !
Je glisse sous le second camion.
Je rampe et passe de l’autre côté.
Je vise les jambes d’un chauffeur qui descend, il tombe je l’achève d’une deuxième rafale.
Silence.
Wilkins surgit, échange de coup de feu. Je suis touché. Epaule, superficiel. Je courre vers lui en déchargeant et hurlant.
Il est criblé…
Encore un !
Je le vois se pencher pour me tirer sur les jambes.
Je saute sur le côté du camion et m’agrippe pour monter sur le toit.
Il peut me rafaler en aveugle, mais il risquerait de blesser des mômes.
Il essaie de contourner.
Tant pis. Je dois me lancer.
Je roule sur le côté. Dans son dos. Coup de bol !
Il se retourne. Je frappe dans son arme. Elle vole.
Combat au CAC.
Flynn. C’est un coriace.
Flynn, le coriace.
Nous enchainons rapidement coups, clefs et parades.
Seule le bruit des gestes et des respirations résonne dans l’immensité désertique. Les enfants se taisent…Ils doivent être mort de trouille.
Il sort un couteau. Je fais de même.
Il bloque mon attaque et nous forçons l’un sur l’autre.
Je laisse tomber soudainement mon couteau tout en maintenant du bras droit. Je rattrape avec le gauche et lui déchire l’abdomen. Enchainements. Bras pour le libérer. Carotide, deux fois.
Il meurt. Son râle est encore très marqué dans mon souvenir…
Silence.
Je respire fort.
Je prends le temps d’achever tous les BM. Deux balles dans la tête avec la AK.
J’ouvre les bâches. Des dizaines de paires d’yeux me regardent incrédules. J’ai une tête de fou et je suis couvert de sang. Ils bronchent pas.
Je leur baragouine le peu d’arabe que je parle.
Courir désert = mort !
Rester avec moi = liberté !
Je leur montre les BM et leur indique de les dépouiller. On fait croire à une attaque de bandes.
J’emmène Flynn derrière le camion, hors de vue des gosses. Je l’égorge et lui assène d’autres coups de couteau « façon tribu locale » pour couvrir mes traces.
Je montre le premier camion qui me semble le plus en état. Il faut tout mettre dedans.
Je prends tout le nécessaire dans le second camion. Je siphonne l’essence et rempli des jerricans.
Je pourrais brûler les corps, mais ça nous ferait repérer à des kms avec la fumée.
Je distribue l’eau des BM aux gosses et rationne le reste pour le trajet.
Je montre la carte aux enfants pour leur montrer où on va. Je veux les rassurer. S’il file dans le désert ils sont morts.
De mon doigt. Camp d’une ONG à Sabha.
Docteur ! Docteur ! Ils hochent la tête. L’un me montre ma blessure. J’avais presque oublié. Je me soigne. Faudra que ça tienne !
Je tasse les gamins dans le premier camion. Je prends les plus vieux à part et montres-en quelques gestes comment se servir d’une riffle BM. On ne sait jamais. Les bandes circulent dans cette zone.
Je les fais monter avec moi devant.
Je ne pourrais dormir sur le trajet. Je prends mes « remontant ».
Le reste du voyage est effectué sous une tension maximum. Quelques détours pour éviter des zones trop dangereuses.
C’est un miracle que nous soyons passés…Dieu existe.
10 km de Sabha.
A quelques KM de la ville, j’ai enfin un peu de réseau. J’appelle l’ONG, mes contacts BV m’ont filé le numéro. J’arrive à les convaincre qu’ils viennent chercher les mômes. Je ne pourrais pas passer les barrages à l’entrée de la ville.
Je dis rapidement au revoir aux mômes. Je n’oublierais jamais leur visage.
Je leur demande d’oublier le mien, dans leur intérêt.
J’ai repris et enterré les armes des BM et tout leur matos une heure avant.
Les Volontaires des ONG m’ont l’air clean. Je me détends enfin.
Les mômes partent.
Le stress retombe et a sur moi l’effet d’une massue. Je prends un peu de temps pour réaliser.
Je repars avec le camion. Et rejoint le poste le plus proche de la première attaque.
Officiellement, je suis rentré seul et à pieds.
Au debrief BV avec le « capitaine ». je lui déballe tout. J’ai la rage. Ma couverture n’est pas compromise. Je suis volontaire pour m’infiltrer et détruire ces monstres de l’intérieur….
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Retour dans le
fairmont park.
Capitaine. Ma mémoire est défaillante, et de plus, je n’ai plus de souvenirs de mes opés en Syrie en en Ukraine, c’est comme si on me l’avait effacée…
Je regarde sa réaction
.
Donc je suppose que nous sommes entre la phase 2 et 3… la question c’est : Et maintenant ?
Je scrute son expression.
Je vais de plus avoir besoin de vous.
J’ai besoin de matos et de cash car les choses vont empirer.
Je le fixe.
A vous de me dire si c’est dans vos cordes.
J’ai besoin de 10000 dollars pour change de planque te assurer mes arrières;
D’un HK 416 avec Lunette Tasco et silencieux.
Une idée de la taille :
Des munitions.
Mes couteaux…je vous laisse deviner…
Mes machettes.
Une combi stealth standard et/ou gilet discret
Bonus si combi assault.
Une paire de IR…
Un combo SOCOM + Silencieux… Pour le travail précis.
Bref un matos digne des vilains que je dois gérer…
A vous de me dire… mais je crois que j’ai de sacré morceaux sur mes traces, cap’….
Je le regarde…