Je rejoins
Jacob peu avant notre rendez-vous. Je lui suggère d’acheter l’intégralité du deuxième lot. Le livre trouvé à « la bougie » est plus qu’inquiétant et il serait bon que ces jeunes ne revendent pas ces articles à droite ou à gauche pour qu’on ne remonte ni à eux, ni à nous.
Nous rencontrons les deux jeunes, un homme et une femme, 17 ans environ. Petits crackers, bières. Ils déballent leur butin. Parmi tous ces objets, quatre attirent mon attention. L’ensemble est de qualité. Une autre tournée de bières. Nous faisons une offre sur l’ensemble. Autour de 4000 dollars. Peut-être n’en espéraient-ils pas autant. Pizza et bières. Un certain malaise cependant ne les quitte pas lorsqu’ils regardent l’ensemble. Cette boutique faisait froid dans le dos. Des prélèvements de sang placés dans des tubes annotés de symboles ésotériques, une ambiance à vous glacer ; A
l’institut Marshall, des jeunes faisaient le mur pour y faire des dons de sang, de cheveux, d’ongles moyennant finance. On leur demandait également leur profil astrologique et moult autres détails suspects. Les deux voleurs, après avoir neutralisé le système d’alarme se sont servi là-bas et sentent qu’un danger plane sur eux, comme un regard malveillant. Ils souhaitent profiter de ce coup pour s’échapper de l’institut et fuir Philadelphie.
Je rejoins mon échoppe par les toits, planant jusqu’à mon domicile. Un mauvais pressentiment me poursuit. Je vérifie que les items prélevés sur le butin de la bougie sont en « sécurité » au fond de mon coffre et m’endors.
Le lendemain, après m’être occupé de mon échoppe, je retourne à la lecture et à l’estimation de mes nouvelles acquisitions. Plus de doute, ce n’est pas inquiétant, c’est alarmant. Je saisis ma carte de la fondation ainsi que mon téléphone. Le cellulaire sonne, je demande à rencontrer
Bera.
Bera
Une fois à "
la Fondation", je lui présente les bougies ainsi que mes doutes concernant «
la bougie » et l’aura sombre qui plane sur elle ; j’évoque leurs recherches occultes et le sang qu’ils utilisent. Rapidement, par son expertise, je comprends qu’il s’agit de magie hermétique liée à la démonologie et que les bougies servent de point d’ancrage, les noires servant à une périlleuse invocation, les blanches à s’en protéger.
Impossible de ne pas relier cela au livre. Je lui en parle. Je retourne à la boutique pour le chercher et lui amener. Elle n’y touche pas, l’observant. Je lui présente mes conclusions après la lecture rapide de ce traité. La démonologie, l’idole, le déchu échappé des enfers, l’Earthbound. Bien qu’aucune magie n’en émane, elle trace une ligne de sel entre elle et l’ouvrage.
Comment lutter contre ce mal dont le nom seul peut tuer ? Elle pourrait le bannir et le renvoyer dans les abysses. D’autres de sa maison sont spécialistes de la traque et de la destruction de telles créatures mais elle craint que de les appeler ne soit plus un mal qu’un bien. De même demander l’intervention de ceux qui marchent dans la nuit peut s’avérer être à double tranchant…Il n’y a nul endroit où ce livre serait à l’abri de ceux qui le recherchent. Personne ici ne serait de taille à se mettre en travers de leur route. Ni
Rhis, ni
Montgomery, ni moi. Elle me suggère ce qu’intérieurement je savais, ce que je craignais…détruire le livre ; par le feu.
J’observe le livre dont sa magie a fermé les pages sans qu’elle ne les touche. Détruire un savoir ancien, un témoignage unique, brûler un livre, voilà la dernière chose qu’un occuliste collectionneur souhaite faire. A travers ces pages et cette couverture de cuir, je ressens la marque des ténèbres. Les ténèbres ou la lumière ? Quel autre choix ? Je demande à
Camille son briquet. Je saisis le livre d’une main, allume son feu de l’autre. La flamme rencontre le papier. Le pourpre de la couverture se rétracte et s’illumine sous la chaleur des pages embrasées. Des ténèbres jaillissent la lumière. Je repose le livre sur la table avant que la chaleur ne me blesse. Le sel entoure le livre enflammé dans un cercle parfait. Je le regarde se consumer, les yeux rivés sur les cendres brûlantes. Un autodafé. Mon acte de foi…
L'acte de foi